« Je fabrique pièces et semoirs pour les autres agriculteurs »
Éleveur laitier en Lorraine, Paul Champouillon fait partie de cette nouvelle génération d’agri-inventeurs qui commercialisent leurs constructions et se font connaître par les réseaux sociaux.
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Paul Champouillon, jeune éleveur laitier à Roville-devant-Bayon (Meurthe-et-Moselle) ne s’arrête jamais. Très impliqué dans les groupes de réflexion sur l’agriculture de conservation des sols (ACS), il se passionne également pour l’exploitation des données de ses robots de traite et surtout pour la construction de machines agricoles.
Cette dernière activité, il l’a entamée dès ses années de lycée, avec « de nombreuses heures dans l’atelier de la ferme familiale à modifier et améliorer le matériel de l’exploitation ». Très vite, Paul se lance dans la fabrication des pièces et accessoires pour les chargeurs, tels que des piques bottes et des fourches à ensilage. Il enchaîne alors les heures de soudure au MIG et se développe une petite clientèle grâce aux réseaux sociaux, en particulier Facebook. La robustesse de ses pièces et à la possibilité de fabriquer sur-mesure font le reste et le succès est au rendez-vous.
À l’aube de son dix-septième anniversaire, Paul voit plus grand et se lance dans la fabrication d’un déchaumeur à dents pour l’exploitation. Et déjà, il commence à réfléchir à un semoir qui lui permettrait de se lancer dans le semis direct et l’ACS. « Les semoirs du commerce fonctionnent correctement sur 95 % de la surface mais sur les 5 % de bordures, le travail est laborieux. C’est ce que je voulais améliorer avec ma propre machine », précise l’agri-inventeur. Le premier prototype est opérationnel en 2022 et Paul se tourne une nouvelle fois vers les réseaux sociaux, dont X et Facebook pour présenter l’avancée de son projet aux autres agriculteurs.
De l’élément au semoir complet
Ses vidéos des résultats du semis et surtout la caution « fait par un agriculteur et utilisé sur son exploitation » interpellent ses confrères qui le sollicitent pour acheter son élément semeur. Le jeune inventeur se fait alors vendeur de pièces. « C’est un élément simple adapté au semis direct, précise Paul Champouillon. L’idée est de mettre un disque devant chaque dent et de monter cette dernière sur un parallélogramme qui appuie fortement. Le disque ouvreur est protégé par des boudins élastomères. Il est indépendant de la dent afin d’éviter de modifier la hauteur de semis en cas d’obstacle. J’ai monté la dent fine plus à plat que ce qui se voit dans le commerce afin de bouger moins de terre. »
La dent est équipée d’une pointe Metcalf de 15 mm, et chaque articulation du parallélogramme est protégée par deux bagues d’usure. Parallèlement, Paul poursuit le développement de son semoir, jusqu’à en concevoir une version quasi-définitive. « C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que les agriculteurs qui me contactaient pour acheter les pièces de l’élément semeur étaient finalement intéressés par le semoir complet. En effet, concevoir un châssis ne s’improvise pas et j’ai réalisé de très nombreux essais pour trouver le placement optimal de chaque élément. L’inter-rang est de 20 cm et je sème aussi bien du blé, de l’orge et du colza que les couverts et surtout, mes prairies », précise l’inventeur dont le semoir a déjà 880 hectares au compteur.
Une approche industrielle
Même si l’arrivée de deux robots de traite sur l’exploitation lui dégage du temps, Paul sent qu’il lui faut désormais une approche industrielle pour passer à l’étape supérieure. Il fonde donc la société PLC Tech avec son cousin Rémi Pierson, qui dispose d’une solide expérience après plusieurs années passées au sein du contrôle qualité de l’usine de presses Claas.
« Avec Rémi, notre objectif est de construire quelque chose d’innovant, singulier et surtout robuste, précise Paul. Nous gérons la conception et l’assemblage et sous-traitons la découpe, l’usinage et le pliage. Et bien sûr, nous réalisons l’ensemble des soudures ». Côté prix, les deux constructeurs se fixent un ticket d’entrée de 10 000 €/m, sans les disques ouvreurs. « L’idée, c’est de proposer un semoir simple mais qui peut être complexifié au fur et à mesure des besoins et de la capacité d’investissement de l’agriculteur », précise Rémi.
Un réseau d’agriculteurs
Les deux cousins veulent multiplier les salons et les démonstrations et cherchent désormais à développer des partenariats pour distribuer leur semoir sur tout le territoire. « Nous voulons rester sur le modèle « par des agriculteurs, pour des agriculteurs », insiste Paul. Nous cherchons donc des agri-revendeurs, c’est-à-dire des agriculteurs motivés par l’ACS et la mécanique, capables de réaliser des démonstrations. Ces dernières nous offriront la possibilité de faire évoluer notre semoir, en fonction des remarques ». Parallèlement, PLC Tech poursuit la vente de pièces et d’accessoires, cette fois sur son nouveau site internet. L’aventure ne fait que commencer.
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